VEL D'HIV / LA RAFFLE DU VEL D'HIV

Publié le par BIENVENUE sur le blog de ZAKK

Le vélodrome d’Hiver de Paris a été érigé en 1909 et détruit en 1959. On l'appelait familièrement le Vél’ d'Hiv’. Il était situé rue Nélaton, dans le XVè arrondissement.

six-jours-au-veldhiv 1193385959Au début du XXe siècle, la compétition cycliste devient un spectacle de masse prisé par la population ouvrière des villes. La construction des vélodromes participe à cette vogue. Dès 1902, Henri Desgrange demande à l'architecte Gaston Lambert d'aménager la Galerie des Machines, vestige de l'Exposition universelle de 1889 situé dans le quartier de Grenelle, pour y créer une piste de compétition cycliste. Inauguré le 20 décembre 1903, le vélodrome connaît rapidement un grand succès populaire. Mais en 1909, la ville annonce la destruction de la Galerie des Machines afin de libérer la perspective vers le Champ de Mars. Desgrange décide alors d'édifier tout à côté, à l'angle du boulevard de Grenelle et de la rue Nélaton, un nouveau temple du vélo. Dans le nouveau Vel' d'Hiv' qui voit alors le jour, 17 000 spectateurs, sur des gradins de briques et de béton, peuvent observer les coureurs qui parcourent une piste de sapin de 250 mètres de long autour d'une vaste pelouse centrale. La salle est éclairée par une immense verrière zénithale et plus de mille ampoules. 

De nombreuses manifestations animèrent cet équipement. La fameuse course cycliste des Six jours de Paris, créée en 1913 à l'exemple d'une course américaine équivalente, connut son heure de gloire dans l'entre-deux-guerres, et devint vite le sommet de la saison cycliste. En 1926 commença l'élection de la Reine des 6 jours, chargée de donner le départ de la course ; les Reines étaient choisies dans le milieu des artistes populaires à la mode : Édith Piaf, Annie Cordy, Yvette Horner furent ainsi Reines des 6 jours. L'animation se répandait alors de jour comme de nuit jusque dans les rues du quartier. 

En 1931, l'édifice est rénové par l'américain Jeff Dickson et devient le Palais des Sports de Grenelle. En effet, avec sa compagnie la Jeff Dickson International Sports, il organise en plus des traditionnels matchs de boxe et course de vélos, d'autres compétitions sportives dans l'enceinte: tennis, basket-ball mais également hockey et patinage sur glace (grâce à un équipement adéquat permettant la réalisation d'une patinoire). C'est le début des "années folles" du hockey sur glace. 

L'après-guerre y vit l'organisation de tournois de boxe avec Marcel Cerdan ou Sugar Ray Robinson par exemple, d'épreuves équestres, et même de défilés de mode. 

À partir des 16 et 17 juillet 1942, c'est là que furent détenus plusieurs jours dans des conditions très précaires les milliers de victimes juives de la rafle du Vél d'Hiv (13 152) avant leur déportation vers le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau. 

Le Vélodrome fut détruit en 1959.




Les Juifs français étant normalement fichés depuis 1940 (le dernier recensement français ayant recueilli des données religieuses est celui de 1874), les autorités connaissent leur adresse (« fichier Tulard »). Les instructions du directeur de la police municipale de Paris Émile Hennequin, le 12 juillet 1942, stipulent que «1. Les gardiens et inspecteurs, après avoir vérifié l'identité des Juifs qu'ils ont mission d'arrêter, n'ont pas à discuter les différentes observations qui peuvent être formulées par eux. Ils n'ont pas à discuter non plus sur l'état de santé. Tout Juif à arrêter doit être conduit au Centre primaire Les opérations doivent être effectuées avec le maximum de rapidité, sans paroles inutiles et sans aucun commentaire.»

BUNDES~1René Bousquet, le secrétaire général de la police nationale, accompagné de Louis Darquier de Pellepoix, commissaire général aux questions juives, rencontre le 4 juillet, au siège de la Gestapo à Paris, les SS Knochen et Dannecker, général SS qui dirige la police allemande en France. Un nouvel entretien, dans les bureaux de Dannecker avenue Foch, afin d'organiser la rafle prévue pour le 13 juillet 1942, se tient le 7 juillet en compagnie de Jean Leguay, l'adjoint de Bousquet, accompagné de François, directeur de la police générale, Hennequin, directeur de la police municipale, André Tulard, en charge des questions juives à la préfecture, Garnier, sous-directeur du ravitaillement à la préfecture de la Seine, Guidot, commissaire de police à l'état-major de la police municipale et enfin Schweblin, directeur de la police aux questions juives. Le capitaine SS Dannecker déclare: « Les policiers français … malgré quelques scrupules de pure forme … auront qu'à exécuter les ordres! ». La rafle vise les Juifs allemands, autrichiens, polonais, tchèques, russes et les indéterminés, âgés de seize à cinquante ans. Des dérogations exceptionnelles pour les femmes « dont l'état de grossesse sera très avancé » ou « nourrissant leur bébé au sein » sont prévues, mais « pour éviter toute perte de temps, ce tri ne sera pas fait au domicile mais au premier centre de rassemblement par le commissaire de la voie publique ». Les nazis prévoient de faire arrêter par la police française 22 000 Juifs étrangers dans le Grand Paris, qui seront conduits à Drancy, Compiègne, Pithiviers et Beaune-la-Rolande. Pour cela, « le service de M. Tulard fera parvenir à la Direction de la police municipale les fiches des Juifs à arrêter (…) Les enfants de moins de quinze ou seize ans seront confiés à l'Union générale des Israélites de France qui à son tour les placera dans des fondations. Le tri des enfants sera fait dans les centres primaires de rassemblement.»vel dhivbibliothpariskeystone
Le SS Dannecker s'entretient le 10 juillet 1942 avec Adolf Eichmann, tandis qu'une nouvelle réunion se tient le même jour au siège du Commissariat général aux questions juives (CGQJ) en compagnie des SS Dannecker, Röthke, Ernst Heinrichsohn, et de Jean Leguay, Pierre Gallien, adjoint de Darquier de Pellepoix (chef du CGQJ), quelques cadres de la préfecture de police ainsi que des représentants de la SNCF et de l'Assistance publique.
Finalement, un peu de retard est pris. Les autorités allemandes évitent d'ordonner la rafle pour le 14 juillet, bien que la fête nationale ne soit pas célébrée en zone occupée, ils craignent une réaction de la population civile. Celle-ci a donc lieu le lendemain soir.
12.884 Juifs sont arrêtés (4 051 enfants, 5 802 femmes et 3031 hommes). Un nombre indéterminé, prévenu par la Résistance ou bénéficiant du manque de zèle de certains policiers, parvient à échapper à la rafle. Les conditions sont très dures : les personnes arrêtées ne peuvent prendre avec elles qu'une couverture, un pull, une paire de chaussure et deux chemises. De plus les familles sont séparées ; la plupart ne seront plus jamais réunies.
Après leur arrestation, une partie des Juifs sont emmenés par autobus dans le camp de Drancy (au nord de Paris). Une autre partie est envoyée vers le Vélodrome d'hiver (situé dans le XVe arrondissement), qui sert de prison provisoire (cela avait déjà été le cas lors d'une rafle à l'été 1941). Ce sont donc environ 7 000 personnes qui devront survivre pendant cinq jours, sans nourriture et avec un Laval-shot0038seul point d'eau. Ceux qui tentent de s'enfuir sont tués sur le champ. Une centaine de prisonniers se suicident. Les prisonniers seront conduits dans les camps de Drancy, Beaune-la-Rolande (dans le département du Loiret) et Pithiviers, avant d'être déportés vers les camps d'extermination allemands.
Cette rafle représente à elle seule plus du quart des 42000 Juifs envoyés de France à Auschwitz en 1942, dont seuls 811 reviendront chez eux après la fin de la guerre. En 1979, Jean Leguay, le représentant du secrétaire général de la police nationale, René Bousquet, en zone occupée, est inculpé pour son implication dans l'organisation de la rafle, mais il meurt avant d'être jugé, en 1993.
Selon la préfecture de police, le nombre d'individus arrêtés s'élève à 13.152. C'est aussi ce nombre qui est gravé sur la stèle commémorative située à l'emplacement du vélodrome.

Publié dans HISTOIRE

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